
Autre exemple d’attendu, le silence désespérant de nos élus sur le
mode de ratification du traité : pensez-vous qu’une majorité, sinon un grand nombre d’entre eux se seraient levés non pas juste pour demander un référendum national (et encore, qui le demande vraiment…) mais transnational ? Et puis quoi encore : manquerait plus que l’Europe ait vocation à devenir… européenne ! Ou que nos élus ne révisent pas uniquement les régimes spéciaux de retraites des autres mais aussi le leur… Qu’ils s’appliquent à eux-mêmes ce qu’ils imposent aux autres. Français, soit européen mais ne demande pas à l’Etat de l’être ! Ne souriez pas, c’en devient désespérant, surtout quand
vous lisez ici ou là que le grand vainqueur du texte est le citoyen ! Parlez-moi d’avancées, je peux comprendre. Mais de victoire, non : le ridicule ou le militantisme aveugle a ses limites.
Bien sûr, on pourra toujours dire comme certains que convoquer le même jour l’ensemble des électeurs européens, les impliquer autant qu’ils sont dans la définition de leur avenir n’est que
«diversion», que «grandes déclarations irréalisables à court terme». Mais une question, juste comme ça : sommes-nous tombés si bas dans l’échelle du nihilisme politique que l’on trouve tout à fait normal et réalisable de partir à la conquête de Mars, de cloner des cellules souches ou je ne sais quoi encore mais absolument inenvisageable d’organiser un référendum duquel sortiraient ‘vainqueurs’ 50% + 1 des électeurs européens ?
Là encore, je veux bien comprendre que lutter contre le cancer, percer le secret de la téléportation ou du succès des Teletubbies puisse prendre du temps, ne soit pas aisé à réaliser ; mais que nos chefs d’Etat et de gouvernement (de tous bords) se refusent à jouer la carte européenne alors même qu’ils vantent à tout va les charmes de l’Union et de sa citoyenneté, non, désolé, je n’y arrive pas. Quelque chose bloque, m’échappe. A moins que l’on nous prenne pour des buses, hypothèse, à bien y réfléchir, à ne peut-être pas négliger…
Le jour où les médias français pousseront en ce sens (celui d’une consultation pleinement européenne), les choses changeront peut-être. En même temps, on peut en douter tant les rédactions ont– sauf quelques exceptions de plus en plus rares – pris le pli de se laisser dompter par les départements marketing et commercial. De ne se concevoir que comme une dépense à inscrire au bilan et non comme une contribution aux recettes. Que ceux qui ne connaissent pas encore cette tristement célèbre petite phrase l’enregistrent pour les années à venir : dans la plupart des médias, «le journaliste a (et aura de plus en plus) pour rôle de remplir les blancs entre les pubs!». Vous êtes-vous d’ailleurs déjà demandé pourquoi tant de journalistes professionnels avaient ouvert un blog…?
Autre truc attendu, le mépris (ou ce qui y ressemble fortement) assumé de certains représentants de l’Etat français envers ceux qui les ont portés au pouvoir : hausse de 140% du salaire du président de la République, réévaluation du budget de l’Elysée à 100 millions d’euros annuels, dépénalisation du droit des affaires, défense du régime spécial des élus pendant que ceux-ci demandent aux salariés d’autres branches bénéficiaires de mettre fin aux leurs. Le tout sur fond de continuelle morosité économique et sociale, que ne saurait rassurer la tendance inflationniste du moment. Autant dire que l
a caricature présidentielle actuellement proposée par le syndicat étudiant Unef (voir vidéo) n’est peut-être pas qu’affaire de mauvais goût…
Autres élus, ou aspirants, ceux de l’opposition, pour peu que celle-ci ne se résume pas – au moins le temps d’une promotion littéraire – à la seule personne de Dominique de Villepin, ne sont guère perchés moins haut dans la hiérarchie du non sens. Au PS, le navire semble ne plus en finir de prendre l’eau. La situation en est à ce point devenue risible que certains membres préfèrent encore rejoindre un MoDem dont on se demande pourtant déjà si sa capacité à décevoir ne sera pas au moins égale à celle qu’il a eu d’enthousiasmer. Quant aux Verts, si vous les croisez…
Dernier point, les tests ADN : tout va bien… L’amendement Mariani, nous explique l’UMP, a été vidé de son contenu. De quoi se plaint-on ? Non mais ! Et puis, pour reprendre
les termes d’un journaliste/blogueur oeuvrant sur une chaîne d’information internationale : «Il est évident qu'un Australien ou un Américain n'aura pas à passer par le test ADN, la plupart du temps pour la simple raison que l'état civil de ces pays n'éveille pas autant de soupçons que, disons, celui de la RCA ou du Mali. Est-ce pour autant du racisme? Vous le pensez? Moi pas.» Là encore, je ne m’étonne même plus de lire cela… Enfin si, un peu, quand même, mais pour combien de temps encore…?